Burn-juin

En ce dernier jour de juin, je ne peux m'empêcher d'aborder un sujet qui me tient particulièrement à cœur : la danse frénétique, à la limite du burn-out, que les parents subissent en fin d’année scolaire. Planning de rdv, anniversaires, réunions, Kermesses, réinscriptions, inscriptions aux activités de la rentrée, vacances. Bref des projections à faire constamment pour “essayer“ de faire plaisir à tout le monde. Le casse-tête de juin. Et quand en plus, on a une pratique artistique que l’on veut développer et affirmer c’est un double casse-tête.


Est-il possible d’être artiste et mère à la fois ?

« La maternité est la raison pour laquelle les femmes ne réussissent pas aussi bien que les hommes dans le monde de l’art. » Voilà ce que Marina Abramovic affirmait en 2016. Simple constatation, il me semble. Pas sure que ça ait évolué. Si le milieu artistique était honnête un court instant, on annoncerait clairement la couleur : une artiste-mère n’est pas productive, n’est pas professionnelle, n’a pas le temps de se consacrer à son art. Des idées assez répandues dans ce microcosme masculin. Et j’avoue que ça a le don de m’énerver. Il y a encore tellement d’injonctions à faire voler en éclats. Par où commencer, par où continuer ?

D’abord il nous faudrait nous libérer du syndrome de la “mère parfaite”. Personne n’a le droit de nous mettre la pression, encore moins nous-mêmes. Et pourtant, je sens qu’une partie de moi voudrait tout gérer, tout organiser, sans que le moindre couac arrive. Peine perdue.

C’est aussi une question de timing. Trop tôt, trop jeune, trop vieille. La société n’a de cesse de nous juger. Et pourtant, nous sommes les seules à savoir si l’on souhaite avoir une progéniture, si c’est le bon moment ou si ce n’est pas notre objectif premier. “Mon corps, mon choix.” N’oublions pas.

Et quels sont nos besoins réels pour produire ?

Le calme. Combien de fois j’ai dû noter une idée à la va-vite parce qu’un petit d’homme me sollicitait pour une de ses urgences?
L’espace mental pour créer.
Combien de fois j’ai dû renoncer à un moment créatif parce que c’était mon tour d’aller chercher l’enfant ?
Le temps.
Combien de vernissages ou rencontres auxquelles j’ai dû renoncer parce que j’avais un enfant malade ?
La stabilité financière. Combien de mères célibataires artistes ont dû renoncer à leurs élans artistiques par manque de revenus.
Un calendrier partagé. Combien de lectures portfolio, candidatures aux résidences, concours on été mis de coté par les urgences de juin.
Bref c’est la course au temps, sur le plan professionnel aussi.

Une méthode à tester

On respire et on tente la Méthode SMART. Évidemment, je n’ai pas de solution miracle, mais voici un conseil que je partage à mon tour pour atteindre un objectif à court terme : la méthode SMART de George T. Doran, conçue en 1981, qui aide à définir des objectifs clairs et réalisables et élaborer un plan d’action efficace.

  • « S » pour Spécifique (établir un objectif précis et clair)

  • « M » pour Mesurable (l’objectif doit pouvoir être quantifié ou qualifié)

  • « A » pour Atteignable (l’objectif doit être réaliste et atteignable)

  • « R » pour Relevant (objectif à un intérêt incontestable)

  • « T » pour Temporel (établir un calendrier précis)

Bien entendu, c’est moduler et je trouve cette méthode assez sympa à appliquer pour nos vies d’artistes parfois désorganisées. Objectifs à atteindre par mois, par an, tout dépénd de notre rythme souhaité.

Savoir s’entourer

Répondre à l'appel à candidatures pour la Saison 5 du Cercle de l’Art ! Avis aux artistes émergeantes qui me suivent, qui se questionnent, et qui cherchent un moyen d’avancer dans leur projets, en se sentant moins seules dans ce monde de brutes. Je n’ai qu’un conseil en ce jour : foncez !

Hier, j’ai eu un instructeur de yoga dont l’accompagnement a mis l’emphase sur l’écoute de soi, de son âme intérieure. Iil nous a demandé de repasser la journée dans nos têtes et de remercier littéralement pour chaque moment qui nous a touché ou fait du bien. Aujourd’hui, je remercie ce projet en constante évolution de Margaux Derhy. Ces deux dernières années, sur des aspects différents, j’y ai appris beaucoup de choses sur moi, et les deux saisons m’ont aidé à avancer et murir dans ma démarche personnelle. J'ai vécu des moments et rencontres tellement précieux qui m’ont enrichi dans tous les sens du terme. Alors, merci aux artistes de mon mini groupe Julie Boileau, Stéphanie Olivar, Carine Valette, notre marraine Clémence Vazard, mon amie Letizia Giannella et toutes les artistes avec qui j’ai pu échanger ces derniers temps. Vous êtes de REINES !

Si vous avez déjà un petit cercle d’amateurs de votre travail, je ne peux que conseiller de vous lancer dans cette aventure artistique et humaine. Bon, ce n’est pas nouveau, si vous me suivez, vous savez que je suis friande du principe des collectifs, du travail en équipe et surtout des projets ayant du sens. Il suffit de trouver celui qui nous convient le mieux !

Célébrer nos réussites

En plus d’un agenda intense niveau familial ce mois de juin a été fructueux :

Participation officielle à la Nuit Blanche, avec Césure qui nous a invité à présenter un travail sur le thème des archives vivantes et sensibles, soulignant les traces du vivant, questionnent la mémoire et le temps qui passe. Nous avons présenté une installation vidéo collective sur les vitres de la façade de Césure avec les acolytes artistes Letizia Giannellla, Tania Present, Niclas Bigards et Marie Edith Robinne.

.• Ateliers de cyanotype à la galerie Artivistas. J’aime être dans la transmission de compétences artisanales, c’est un acte de résistance, un acte de résilience pour ma part. De nouvelles dates sont prévues en septembre prochain : les mercredis soirs. notez dans vos agendas.

Atelier « Regards croisés sur mon quartier » proposée et coordonné par l’association Inooh : découverte de la photographie argentique, sélection des photos, éditing et organisation et montage d’une expo photo collective avec les participant•es. J’aime les défis, le contact avec le public et la transmission de mon travail.

• Ma série Agua Viva, prend forme, des test impression et broderie, un travail de fond sur mon portfolio général avec des lectures de portfolio et conseils avisés de professionnels du secteur. La suite au Off des Rencontres d’Arles début juillet.

Savoir se célébrer, c’est la base. Et pourtant ce n’est pas évident pour moi. Sacré enjeu de le faire de façon honnête, et sans égo-trip, juger mes avancées et surtout apprendre sur ma manière de fonctionner. Qu’elles soient minimes ou importantes, cela reste une avancée sur un plan beaucoup plus large. Prenons-en conscience et parlons de nos victoires, au lieu de ruminer sur la lenteur du processus, ou de la difficulté à ouvrir les portes d’un milieu hermétique. Ce n’est pas tous les jours que l’on se célèbre soi-même. Il est évident que lorsqu’une des artistes que j’aime fait une annonce, je m’empresse de renforcer cet élan de célébration et de l’encourager. Soutenons-nous, la vie en sera plus douce.

Assumer et soutenir

À la différence d’une mère salariée, nous n’avons pas l’obligation de l’horaire de travail à respecter. Donc, si un imprévu surgit, ce sera plus fréquemment la mère-artiste qui se rendra disponible. Bah oui, forcément on de travaille pas, elle ! Voilà comment quand tout est speed, on jongle avec les horaires, avec les besoins les urgences et fini par s’oublier. Alors qu’il faudrait crier haut et fort, encore et toujours que nous aussi nous travaillons, ce n’est pas seulement une lubie, un hobby. Assumer qu’artiste est un métier. Être passionnée ne veut pas dire que l’on peut accepter n’importe quelles conditions.. Et le faire comprendre à son entourage.

Ami•es, professionnel•les du secteur et amateur•ices d’art, vous avez un rôle essentiel à jouer : soutenez la création émergente féminine. Il me semble essentiel de donner de la visibilité aux femmes artistes. Sans nier pour autant le talent réel de certains hommes, il en va de soi ! Un énorme travail est fait pour valoriser les artistes femmes en Histoire de l’Art. Pensons à valoriser, partager et soutenir les artistes vivantes aussi ! Plus nous seront nombreuses, plus nous serons visibles. Prenons place dans les galeries, les conférences, les musées, la ville, au delà des réseaux sociaux, dans le vie réelle aussi. Avec ou sans enfants c’est compliqué pour les artistes femmes. Certes, c’est un milieu masculin, capitaliste, compétitif mais de plus en plus d’espaces sont offerts aux femmes. Saisissons-les. Je suis persuadée que nous y avons toutes notre place.

“Caminante no hay camino,
Se hace el camino al andar”

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